Conseil des ministres du 17 mars 2021
Epidémie de la covid-19 en Polynésie française :
situation épidémiologique et premier bilan
Source : communiqué du Conseil des ministres du 17 mars.
Une présentation a été faite au conseil des ministres sur la situation épidémiologique de la Polynésie française. Un bilan a en effet été établi un an après l’apparition des premiers cas de covid 19. Le bilan présenté fait état d’un nombre de cas confirmés de 18 482 pour 72 500 tests réalisés, de 1 200 hospitalisations, dont 221 en réanimation, et 141 décès. Ces chiffres traduisent une contamination de 6,6% de la population polynésienne (8,4% à Tahiti).
En comparaison des autres territoires insulaires français, la proportion de la population contaminée s’avère plus importante (6,6% en Polynésie française, 1,5% à la Réunion et 6,2% à Mayotte). Cependant, les proportions d’hospitalisations et de décès par rapport au nombre de cas sont plus faibles qu’en Guadeloupe par exemple, et surtout en comparaison des pays du monde les plus affectés, comme la France métropolitaine (létalité de 2,4% contre 0,7% en Polynésie) mais restent plus élevées que d’autres collectivités Outre-mer comme la Réunion avec 49 décès.
Deux études statistiques sont maintenant disponibles pour mieux comprendre la dynamique de l’épidémie et tenter de prévoir les évolutions possibles:
- La première est basée sur les données collectées pendant l’épidémie (cas confirmés, date d’apparition des symptômes, hospitalisations…) analysées à l’aide de modèles développés par une équipe collaboratrice de l’Université de Melbourne (soutien OMS). Cette étude conclut à l’existence d’un certain niveau d’immunité collective en Polynésie évalué à 23% au moins à Tahiti.
- La deuxième étude est une enquête de séroprévalence réalisée récemment dont nous venons de recevoir les résultats préliminaires.
L’objectif principal de cette étude est de pouvoir estimer la proportion de la population adulte de Tahiti et Moorea ayant été infectée par le virus du SARS CoV 2 depuis le début de l’épidémie en Polynésie française, en mesurant la prévalence des anticorps anti SARS CoV 2 dans le sang. L’objectif secondaire de l’étude est d’identifier les facteurs individuels et environnementaux associés à l’infection : âge, sexe, habitat, activité professionnelle, etc.
L’étude a été pratiquée sur un échantillon représentatif de 470 habitants majeurs de Tahiti et Moorea.
Les résultats bruts de l’étude montrent l’existence d’anticorps anti-SARS-Cov-2 présents chez 21,2% des personnes résidant à Tahiti et 9,8% des personnes résidant à Moorea. Les chiffres obtenus indiquent également que le taux de séropositivité global par tranche d’âge ne semble pas varier significativement selon l’âge et que ce même taux de sérologie semble comparable chez les hommes et les femmes. Une analyse détaillée de ces résultats est en cours, prenant en compte les caractéristiques des individus échantillonnés.
Ainsi, les résultats préliminaires de l’enquête de séroprévalence de 9,8 % à Moorea et de 21,5 % à Tahiti, sous-estiment probablement la prévalence réelle.
L’ensemble de ces données permettent donc de penser qu’un certain taux d’immunité est atteint à Tahiti, moins important à Moorea et encore insuffisant dans les autres archipels. La vaccination en cours va permettre d’augmenter ce taux d’immunité et devrait protéger efficacement la population contre une éventuelle nouvelle vague épidémique.
En conclusion, dans le contexte actuel, et s’il y a absence d’introduction des variants les plus à risque (sud-africain et brésilien), on peut considérer que la Polynésie française a réduit les risques d’une nouvelle vague épidémique.
Cependant, la surveillance de l’introduction et diffusion éventuelle de variants doit être la priorité, ceux-ci étant capables d’une résistance partielle à la réponse immunitaire après une infection ou un vaccin et donc susceptibles de recontaminer la population.
Pour cela, une stratégie de dépistage systématique et rigoureux des voyageurs, accompagnée d’une traçabilité des déplacements et lieux de séjour avec un contact tracing minutieux des éventuels cas positifs, est indispensable afin d’éviter une nouvelle vague épidémique. L’intensification de la campagne de vaccination assurera également une meilleure garantie contre le risque de reprise épidémiologique.